samedi 16 mai 2015

✎ A l'encre de mes mots : Douce folie

14h30 – Dans une chambre noire, les yeux clos.

Elle tourne dans son lit, encore et encore. Elle essaye d’oublier ce qui petit à petit la ronge de l’intérieur. Elle cherche un peu de fraîcheur dans le brasier qu’est devenu son corps. Elle veut aller à la rencontre de Morphée espérant que le sommeil trompe sa douleur. Elle tourne encore, elle cherche encore, elle essaye encore. Mais elle tourne en vain, elle cherche en vain, elle essaye en vain.

Elle sent une douce lumière derrière ses paupières closes, c’est étrange, elle était persuadée d’être seule chez elle. Elle ouvre les yeux, et quelle n’est pas sa stupéfaction de n’être plus allongée dans son lit. Elle se trouve debout, debout dans un espace infini immaculé de blanc. Elle ne perçoit pas où commence cet endroit, ni où il se termine. Même le sol, qu’elle sent pourtant sous ses pieds, se confond dans tout ce blanc et semble ne pas exister.

Elle commence à marcher perdu dans ce lieu étrange, seule. Seule, c’est ce qu’elle croit être. Si elle regardait en arrière elle aurait pu voir une fumée d’un gris anthracite se former. Mais elle est trop occupée à réfléchir à l’étrangeté de sa situation pour s’apercevoir que cette fumée se dirige sur elle. Quand elle finit par se rendre compte de sa présence il est trop tard. La fumée est sur elle en train de raviver le brasier de son corps. Elle sent à nouveau les brûlures sur chaque parcelle de son corps, à l’intérieur, comme à l’extérieur. Elle se retient de hurler, elle s’écroule.

La voilà à nouveau debout, debout avec devant elle l’infini de la blancheur. Cette fois elle tourne, se retourne, pour vérifier qu’elle est bien seule. Elle se tourne et se retourne, deux fois plutôt qu’une. Et voilà que la fumée se matérialise juste devant elle. Elle a peur, la peur l’empêche d’agir. Encore une fois la fumée fond sur elle. A elle de sentir des flammes lui lécher les bras, à elle de sentir ses jambes fondre sous cette chaleur, à elle de sentir le feu dans ses entrailles, à elle de se tordre de douleur à même le sol, à elle de voir rouge dans ce paysage pourtant blanc.

Encore une fois elle est debout, debout avec l’infini blanc devant elle. Cette fois elle ne reste pas sur place. Cette fois elle court aussi loin qu’elle peut. Mais encore une fois la fumée la poursuit. Elle n’ose pas se retourner. La sensation venant derrière elle lui suffit. Elle n’est pas assez rapide la fumée la rattrape. Et à nouveau elle sent le brasier s’allumer en elle, sur elle, et autour d’elle. Elle se griffe, elle se mord, elle se roule sur le sol, elle se recroqueville, elle hurle, elle se griffe de nouveau, elle se mort de nouveau, elle crie.

Elle est debout, elle ne comprend plus, elle ne sait plus, elle ne veut plus, elle est perdu. Tout est toujours aussi blanc, tout est toujours aussi infini. Cette fois elle attend l’inévitable. Et l’inévitable arrive encore une fois sous la forme de cette fumée. A nouveau le brasier s’allume. Cette fois elle abandonne, elle laisse le brasier la prendre, elle ferme les yeux, elle pleure en silence. Le brasier arrive à son cœur, elle le sent battre de moins en moins vite. Elle sent qu’elle a de plus en plus de mal à respirer. Elle sent ses poumons brûler. Dans un ultime effort elle essaye de prendre, elle le sait, sa dernière gorgée d’air.

Elle est couchée sur son lit, haletante et en sueur. Elle reprend son souffle et ses esprits avant de s’assoir au bord du lit. Elle regarde son horloge : 14h35.

___________________________________________________Les mots de Cristy________
Photo Credit : Verano y mil tormentas

Je remercie Morwën qui m'avait donné pas mal d'indications pour reprendre mon texte, qui à la base devait être un projet entre nous deux. En voilà la version définitive, car malgré peut-être des choses à revoir encore, je ne me sens pas de faire mieux. N'hésitez pas à donner vos avis, ils pourraient m'aider dans l'écriture de prochains textes.

4 commentaires:

  1. Ce texte est puissant. J'aime beaucoup cette oppression qui se dégage de tes mots. Et l'image est tout à fait adaptée.

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  2. Jaime bien comment tu écris et l'atmosphère inquiétante dans laquelle tu nous plonges est réussi ! Je te souhaite de continuer ^^

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